L’Indonésie est souvent citée comme le pays avec le plus grand nombre de volcans actifs, dont plusieurs sont connus pour de grandes éruptions qui ont induit des perturbations climatiques à l’échelle mondiale. Ce constat pourrait suggérer qu’une fraction substantielle de soufre d’origine volcanique soit libérée par les volcans indonésiens, et que les magmas associés sont intrinsèquement riches en soufre. Des travaux menés par des chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans, de l’Université de Cambridge, de l’ISTO (Institut des Sciences de la Terre d’Orléans) et du CVGHM (Center for Volcanology and Geological Hazard Mitigation, Indonésie) ont montré que les volcans de l’archipel indonésien libèrent chaque année entre 1,27 et 1,69 Tg de SO2 dans l’atmosphère, dont 10 à 30 % de ce total libéré par des événements éruptifs. Cette quantité est étonnamment modeste comparativement à des volcans comme Ambrym (Vanuatu) et Etna (Italie) qui ont eu des flux de SO2 plus élevés et pendant de longues périodes. Les chercheurs se sont ensuite penchés sur les processus derrière ce paradoxe et les résultats de leurs travaux montrent que les différents contextes géodynamiques en Indonésie, la dissolution et le piégeage du soufre par les processus magmatiques-hydrothermaux, la cristallisation et la dynamique magmatique, ainsi que la géométrie des conduits, influencent à divers degrés le transfert du soufre du magma vers l’atmosphère. Il est par contre peu probable que les grandes quantités de soufre libérées pendant de très grandes éruptions dans le passé soient liées à une fertilité peu commune de la source mantellique mais plutôt à une accumulation des volatils pendant de longues périodes dans les réservoirs au niveau de la croûte supérieure.
Pour en savoir plus
Modest volcanic SO2 emissions from the Indonesian archipelago – Nature Communications
Philipson Bani, Clive Oppenheimer, Vitchko Tsanev, Bruno Scaillet, Sofyan Primulyana, Ugan Boyson Saing, Hilma Alfianti & Mita Marlia
https://doi.org/10.1038/s41467-022-31043-7